Le bal des criminels et des hypocrites
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dans Billets d'humeur
Le lundi 13 octobre dernier, s’est tenue à Charm-el-Cheikh, en Égypte la conférence pour la paix à Gaza.
Faisons le tour des présents et des absents.
L’ombre du Hamas, tout d’abord. Absents physiquement, mais au cœur des négociations, ces criminels de guerre ont massacré 1 219 personnes le 7 octobre 2023 et pris en otage 251 autres. Ils ont séquestré, torturé et humilié des hommes et des femmes dont le seul tort était d’appartenir à une nation colonisatrice qui occupe des territoires étrangers en chassant leurs habitants. S’il fallait rendre chaque citoyen responsable des crimes de son gouvernement, il en est peu qui ne mériterait pas d’être pris en otage à travers le monde ! Il n’y a rien de plus odieux que de s’en prendre à une personne non pour ce qu’elle a commis, mais pour ce qu’elle symbolise. Le peuple palestinien ne mérite pas d’être identifié à cette bande d’assassins qui fait régner la terreur théocratique sur la population de Gaza et sur les civils israéliens. Ces responsables islamistes doivent être jugés pour leurs crimes.
Si le Hamas n’était pas présent à Charm-el-Cheikh, les représentants du gouvernement d’extrême droite israélien y étaient, quant à eux. Cette clique à l’origine du pire des génocides de ce début de XXIème siècle détient à son actif un terrifiant record : 67.000 morts et plus de 169.000 blessés, dont près de 50 000 enfants. Ce à quoi se rajoute les plus de 9 000 otages détenus dans les geôles sans jugement sur simple décision administrative, eux aussi maltraités et torturés. La volonté d’éradiquer tout un peuple a été dénoncé par de nombreuses ONG humanitaires. Ces crimes de guerre éclabousseront à jamais l’honneur d’un État dont 47 % des habitants approuvent les massacres. Ainsi, un certain nombre de descendants d’une population ayant subi pendant des millénaires les pires persécutions, avec comme point d’orgue les 6 millions de martyrs de la shoah, se muent eux-mêmes en partisans, sinon complices d’un autre holocauste ? Hallucinant !
Autre participant à ce sommet égyptien, un chef mafieux d’extrême droit élu président des USA, il y a un an, dont on hésite encore à diagnostiquer entre la perversion narcissique et la psychopathie, en se demandant s’il ne relève pas des deux pathologies. Après avoir, comme son prédécesseur d’ailleurs, financé et alimenté le tapis de 70 kilotonnes de bombes larguées (six fois la bombe de Hiroshima), sur un territoire six fois plus peuplé, l’individu se targuait d’obtenir le Nobel de la Paix… Ahurissant !
Les dirigeants d’une dizaine de pays européens étaient aussi présents : ceux-là mêmes qui ne cessent depuis février 2022 de dénoncer, de condamner et de prendre des sanctions contre la Fédération de Russie coupable d’agression de l’Ukraine. Rien n’est assez beau pour organiser la mise au ban des nations de cet impérialisme envahisseur qui essaie d’agrandir son empire. Les crimes de guerre commis par Israël contre le peuple palestinien ne justifient manifestement ni les mêmes indignations, ni les mêmes mesures de rétorsion. Tsahal peut continuer à bombarder des civils, réduire en cendre tout un territoire, manier l’arme de la famine et de la terreur, sans déclencher autre chose que de vagues protestations. Il y a là une complicité objective qui décrédibilise la parole de ces hypocrites.
Ne parlons pas des dirigeants des pays arabes, dont l’éthique démocratique et la conviction humaniste ne sont plus à démontrer. Grands et petits autocrates font régner la tyrannie sur leurs propres peuples, réprimant, emprisonnant, torturant, pendant qu’eux-mêmes s’enrichissent grâce à la corruption et l’exploitation des ressources pétrolières.
Au final, un sommet qui a regroupé des criminels de guerre et leurs complices, des tyrans, des corrompus et des hypocrites. Bel aéropage de ce que l’espèce humaine possède de pire ! Et c’est de cette bande de fripouilles qu’il faudrait attendre la paix au Moyen-Orient ? Voilà un tableau bien sombre qui confinerait au pessimisme absolu. Pourtant, des peuples se réveillent régulièrement : c’est le mouvement populaire du Hirak en Algérie en 2019 ou la révolution de la mousson de 2024 au Bangladesh. Mais aussi, ces derniers mois, les soulèvements de la génération Z qui éclatent aux quatre coins de la terre depuis l'Indonésie jusqu’au Népal, en passant par le Pérou, le Maroc ou Madagascar. Bien sûr, ces mobilisations spontanées sont durement réprimées ou récupérées et trop souvent trahies. Elles symbolisent néanmoins une vitalité et un espoir qui ne s’épuiseront jamais. De tous temps, ils ont scandé l’histoire de l’espèce humaine, tantôt échouant, tantôt chassant les pires régimes. C’est à eux que l’on doit les plus belles avancées. Ils sont l’espoir de notre humanité. Avec une mention particulière pour le courage de ces refuzniks, ces jeunes soldats israéliens refusant de monter au front. Il est bien plus facile de s’engager contre les criminels de guerre israéliens depuis l’étranger que dans un pays dont l’opinion publique est encore massivement derrière les génocidaires. Saluons leur geste qui démontre que face à la radicalisation patriotique d’un peuple qui rompt avec les principes fondateurs de l’humanité, la résistance est toujours possible.