Fiasco

Le bilan de l’école inclusive est plutôt affligeant. Mais, peut-on vraiment être si surpris ? Séduits par les sirènes de la désinstitutionalisation, les têtes d’œuf du ministère de l’Education nationale ont voulu concrétiser cette idée innovante. Mais, ils l’ont fait à leur manière, en respectant trois règles :
1) appliquer la réforme dans la pure tradition pyramidale « top down », sans chercher à associer les équipes pédagogiques qui allaient devoir la réaliser sur le terrain
2) agir à moindre coût, en conformité avec le crédo de la réduction des dépenses sociales
3) préserver le dogme de l’école républicaine égale pour tous, quels que soient les besoins spécifiques de chacun.
Résultats : des élèves porteurs de handicap perdus au milieu de classes dont les programmes, le rythme de travail et les exigences pédagogiques restés inchangés ; leur pairs dopés à la performance et à la compétition ne comprenant pas ce que ces gogols viennent faire là ; des enseignants formatés à la seule recherche de l’excellence qui ne savent (ou ne veulent) pas ajuster leur approche didactique aux spécificités individuelles ; des parents leurrés par un rêve qu’un marketing offensif a laissé entrevoir et qui se transforme si souvent en désillusion. Pour que cela change, il faudrait bien plus de crédits permettant une formation qui, articulant apports théoriques et retours de pratiques, préparerait les meilleures conditions d’accueil des élèves différents. Il faudrait que l’école ne soit pas centrée vers la sélection des futures élites et la relégation des moins bien pourvus en capital social vers les formations, les qualifications et les emplois les moins valorisés. Il faudrait que le handicap ne soit plus perçu comme un manque, une déficience ou un déficit, mais comme une autre manière d’être au monde. Il faudrait un apprentissage adapté à chaque élève… En fait, il faudrait que l’école ne soit plus ce qu’elle est. C’est bien mal parti ! Bonne rentrée des classes, quand même …

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1322 ■ 06/09/2022

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
AJD - Susciter la demande - Caluire (69)
Comment réussir à travailler avec un public qui ne veut pas être aidé ? Tel est le paradoxe auquel se sont confronté les AJD, avec un certain succès. Si dès 1943, des camps de vacances sont proposés, c’est en 1951 que Michel Jaouen et Maurice Gounon, deux pères Jésuites, fondent les AJD (Aumônerie de la Jeunesse Délinquante) destinées à élargir l’horizon des jeunes sortants de prison. A la...
Écrasons l’infâme
Dix jours après l’assassinat de Samuel Paty, la colère ne s’apaise pas. Au-delà de la peine, de l’effroi et du ressentiment qui animent bien d’entre nous, ce qui se joue c’est la détermination à surtout ne pas baisser la tête et à résister à ce fanatisme qui est passé à l’acte. Pour autant, même si les travailleurs sociaux font partie des cibles potentielles désignées par DESH, nous devons ...
Pourquoi il ne faut pas rater « Je verrai toujours vos visages »
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La justice restaurative relève dans notre pays de la confidentialité. Son ambition ? D’abord, sortir du face à face entre une transgression et le quantum de la peine qui lui répond dans une logique exclusivement rétributive.  Ensuite, démontrer qu’il est possible à la fois de réparer les victimes (que la seule sanction pénale ne permet pas de reconstruire) et de resocialiser l’auteur d’infraction (qui ...
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Le DEAT: victime de son succès?
Quand un dispositif répond aux besoins trop importants qui émergent du terrain, il peut lui arriver qu’il soit lui-même mis en difficulté. Comme un peu partout en France, le département de Haute Savoie était confronté aux mêmes difficultés d’un jeune public de plus en plus complexe, mettant à mal les dispositifs de prise en charge, qu’ils relèvent de la justice des mineurs, de la protection de ...
Travailler en réseau : Le ROC
Travailler en réseau dans l’observation Une collaboration entre professionnels qui pouvait sembler difficile à concrétiser s’est pourtant réalisée en Loire Atlantique, ouvrant de nouvelles perspectives dans les modalités d’intervention. Le constat est récurrent : si certains jeunes trouvent une réponse à leurs troubles dans les services de psychiatrie, si d’autres encore bénéficient des services proposés...
Pontzeele Sophie - MDPH
dans Interviews
La MDPH est un pivot, non un fournisseur de solutions Entretien avec Sophie Pontzeele, responsable harmonisation des pratiques à la Maison Départementale des Personnes Handicapées du département du Nord (59) La gestion des situations complexes implique que le secteur médico-social et la protection de l’enfance s’engage dans une dynamique partenariale. Quelle relation la MDPH a-t-elle avec la...




Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

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