Fiasco

Le bilan de l’école inclusive est plutôt affligeant. Mais, peut-on vraiment être si surpris ? Séduits par les sirènes de la désinstitutionalisation, les têtes d’œuf du ministère de l’Education nationale ont voulu concrétiser cette idée innovante. Mais, ils l’ont fait à leur manière, en respectant trois règles :
1) appliquer la réforme dans la pure tradition pyramidale « top down », sans chercher à associer les équipes pédagogiques qui allaient devoir la réaliser sur le terrain
2) agir à moindre coût, en conformité avec le crédo de la réduction des dépenses sociales
3) préserver le dogme de l’école républicaine égale pour tous, quels que soient les besoins spécifiques de chacun.
Résultats : des élèves porteurs de handicap perdus au milieu de classes dont les programmes, le rythme de travail et les exigences pédagogiques restés inchangés ; leur pairs dopés à la performance et à la compétition ne comprenant pas ce que ces gogols viennent faire là ; des enseignants formatés à la seule recherche de l’excellence qui ne savent (ou ne veulent) pas ajuster leur approche didactique aux spécificités individuelles ; des parents leurrés par un rêve qu’un marketing offensif a laissé entrevoir et qui se transforme si souvent en désillusion. Pour que cela change, il faudrait bien plus de crédits permettant une formation qui, articulant apports théoriques et retours de pratiques, préparerait les meilleures conditions d’accueil des élèves différents. Il faudrait que l’école ne soit pas centrée vers la sélection des futures élites et la relégation des moins bien pourvus en capital social vers les formations, les qualifications et les emplois les moins valorisés. Il faudrait que le handicap ne soit plus perçu comme un manque, une déficience ou un déficit, mais comme une autre manière d’être au monde. Il faudrait un apprentissage adapté à chaque élève… En fait, il faudrait que l’école ne soit plus ce qu’elle est. C’est bien mal parti ! Bonne rentrée des classes, quand même …

 

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1322 ■ 06/09/2022

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Handiclap
Handiclap : de l’intégration par la culture Comment utiliser la culture pour favoriser l’insertion des personnes porteuses de handicap ?Beaucoup s’y sont essayés avec succès. L’exemple du festival Handiclap proposé par l’APAJH 44 en est une nouvelle illustration réunsie. Créée en 1962, l’APAJH s’est surtout fait connaître, pendant ses 40 années d’existence, comme une puissante fédération agissant...
Embarquez-vous, avec Grand Largue
La navigation est un support fréquemment utilisé pour ses vertus éducatives et socialisatrices. A preuve, l’action menée chaque année, depuis plus de deux décennies,  par une association nantaise. Reportage. Ils sont arrivés mutiques pour les uns, bougons et le regard fuyant. D’autres se sont montrés plus bavards, voire vantards, du genre qui sait déjà tout. Et puis, en un week-end, les voilà...
Le potentiel négligé de la médiation animale
Il faut remonter à 1792 pour trouver le premier usage thérapeutique de l’animal, quand un humaniste anglais, William Tucke, confia à des patients d’un asile d’aliénés un élevage de lapins et de volailles. Se sentir responsables d’animaux les fit alors se prendre un peu mieux en charge eux-mêmes. Depuis, cette pratique n’a jamais cessé d’être utilisé. Et pour cause, cette médiation interagit ...
Lien familiaux Plein-Sud et SAPMN
Vers le rétablissement des liens familiaux Le dispositif français concernant l’enfance maltraitée s’est notablement étoffé à partir de la loi de 1989. La prise de conscience n’était pas si vieille, puisque c’est au milieu des années 80 qu’on assiste à un début de mobilisation tant des professionnels que de l’opinion publique sur cette question.Depuis, les progrès réalisés sont tout à fait...
Quel avenir pour la protection de l’enfance?
dans Articles
Alors que de tous côtés, la faillite menace, les bonnes résolutions restent lettre morte et les mauvais choix constituent une véritable menace. En octobre 2022, Nexem (1) évaluait à 50 000 le nombre de postes à pourvoir sur les 850 000 existants dans le secteur de l’action sociale. L’emploi de salariés non qualifiés ou intérimaires y prend de plus en plus d’importance. Et encore, quand les ...
À la rencontre des aînés
On ne mesurera jamais assez la richesse des liens intergénérationnels qui se tissent quand les anciens et les enfants se côtoient. La place des plus âgés auprès de la jeune génération n’est, à proprement parler, pas une thématique nouvelle. L’anthropologue Sarah Blaffer Hrdy n’hésite pas à affirmer que ce qui fait -entre autres- le propre de l’humain par rapport aux autres espèces animales, ...


Mes livres

En mars 2023, j’ai publié aux éditions érès « Fragments de vie d’un référent ASE ». J’y décrivais, à travers 157 vignettes, le quotidien d’un professionnel de cette administration en charge dans notre pays de la protection de l’enfance 




En septembre 2024, j’ai publié aux éditions EHESP « 100 idées reçues sur l’Aide sociale à l’enfance ». Je tentais de répondre à des idées reçues, des préjugés et des contre-vérités ambiantes portant sur cette administration



En décembre 2025, je publie chez Chronique sociale « 50 nuances d’enfants en danger ». Je me lance dans de pures fictions, inspirées par ma pratique professionnelle, dans lesquelles je décris des idéal-types des situations les plus fréquentes rencontrées en protection de l’enfance. Je mets en scène un(e) mineur(e) ou jeune accompagné(e) est son accompagnateur ou accompagnatrice, chacun(e) décrivant de sa place la situation vécue. Il s’agit bien de propos imaginés, ils sont réalistes avec des personnages inventés mais crédibles.


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« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org