Dénoncer les crimes d’où qu’ils viennent

Le temps est à la guerre idéologique. Il faut choisir ton camp, camarade. Si tu n’es pas inconditionnellement avec nous, tu es contre nous. En émettant le moindre doute, tu fais le jeu de l’ennemi. Tels sont les réflexes des féroces prêcheurs qui congestionnent le terrain médiatique, préférant attiser les haines plutôt que d’éclairer les esprits, le combat se substituant au débat d’idées (Jean Birnbaum dans « le courage de la nuance »).

Rendons hommage à une association qui résiste depuis plus de soixante ans aux attaques idéologiques sectaires et partisanes d’où qu’elles viennent : Amnesty International.

En 2022, elle a fait très fort.

En contrepoint de la vague de sympathie qui submergeait l’occident, dans le soutien à l’Ukraine, elle osa une nuance. Après avoir consacré des dizaines de communiqués, de pages de rapport, de déclarations dénonçant les atteintes aux droits humains du régime de Poutine, que ce soit dans son propre pays ou dans les interventions militaires qu’il a mené en Tchétchénie, en Irak ou en Ukraine … elle déclare : « nous avons documenté une tendance des forces ukrainiennes à mettre en danger les civils et à violer les lois de la guerre lorsqu’elles opèrent dans les zones de guerre ». Soit les enquêtes menées pêchent dans leur sérieux et leur méthodologie. Alors qu’on le démontre. Soit, elles prouvent qu’il y a bien des dérapages du côté des armées ukrainiennes. « Mais non vous comprenez, faut pas le dire publiquement, cela affaiblit les camp des bons et renforce celui des méchants » se mettent à geindre les plus excités accusant dès lors Amnesty d’être pro-Poutine…

La position d’Amnesty sur le massacre du 7 octobre est sans aucune ambiguïté : « Le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens ont bafoué de manière flagrante le droit international et fait preuve d’un mépris effrayant pour la vie humaine, en se livrant à des crimes de guerre, notamment des exécutions sommaires de masse et des prises d’otages, et en procédant à des tirs de roquettes aveugles sur Israël. » Mais ce n’est pas suffisant, il aurait sans doute fallu que cette association se taise sur le régime colonial qu’impose Israël aux populations des territoires occupés. Ce ne fut pas le cas. Dans un rapport publié en 2022, Amnesty dénonçait « l’apartheid commis par Israël contre les palestiniens : un système cruel de domination et un crime contre l’humanité ». Ce qui a suffi pour que ces mêmes excités en fassent un complice du Hamas !

Nous n’avons à faire un choix entre la peste et le choléra, mais les combattre l’un et l’autre.

Ce conflit effroyable n’oppose pas les israéliens aux palestiniens, pas plus qu’il ne confronte les juifs aux musulmans. La guerre qui fait rage confronte les partisans d’une théocratie islamo-fachiste totalitaire et le gouvernement israélien d’extrême droite qui, pour avoir été élu démocratiquement, n’en déploie pas moins une politique fondamentalement suprémaciste, raciste et colonialiste. Et ce sont les populations civiles embrigadées et pris en otage de part et d’autre qui sont les principales victimes de ces faiseurs de guerre. 

L’apartheid imposée aux populations palestiniennes depuis plus de 75 ans ne justifie, n’excuse, ni ne légitime en aucun cas et d’aucune manière le carnage du 7 octobre.

Mais ce terrifiant massacre ne justifie, n’excuse, ni ne légitime en aucun cas et d’aucune manière l’hécatombe commise par Israël à Gaza. Personne ne peut se prévaloir d’une extermination passée, pour s’autoriser moralement à en commettre une, à son tour.

Cela, Amnesty International l’a bien compris depuis sa naissance, ne dérogeant jamais à son ADN qui consiste à documenter toute atteinte aux droits humains d’où qu’elle vienne. Quel que soit le camp qui la commet, elle la dénonce. Et les attaques qu’elle reçoit en retour, d’un côté comme de l’autre, démontre la justesse de son combat !

Comment ne pas relier cette posture au courage de Tal Mitnick, jeune pacifiste israélien de 18 ans, dénonçant les crimes commis par son pays, au même titre que ceux des terroristes du 7 octobre ? Cet objecteur de conscience, refuse aujourd’hui d’endosser l’uniforme des tueurs en uniforme de Tsahal, l’armée de son pays. Dans le camp d’en face, des jeunes palestiniens refuseront eux aussi, à n’en pas douter, de se ranger derrière la bannière des égorgeurs du Hamas. Il y a de cela plus de soixante ans, des déserteurs de la guerre d’Algérie, refusaient de cautionner l’oppression coloniale que faisait alors régner notre pays. Cette petite poignée de héros sont des modèles. Leur bravoure mérite qu’on leur rende hommage. C’est eux qui ont raison contre la quasi-totalité de leurs congénères. Et, c’est bien cette audace et cette détermination à combattre les crimes d’où qu’ils viennent qui sauvent l’honneur de leur peuple. Comme le fait Amnesty au niveau international.

A chacun de vos passages sur la page d'accueil, un choix aléatoire de textes archivés s’affiche :
Les SDF ont aussi le droit à la retraite - Maison de la veille sociale (44)
Un SDF vieillissant admis en maison de retraite ? Une idée saugrenue pour les uns, séduisante pour les autres. Comment ce projet a-t-il pu devenir réalité ? Explications sur une expérience unique en France. Nombre de personnes se rapprochant de l’âge de la retraite ou l’ayant dépassé restent à la rue ou se maintiennent dans les centres d’hébergement d’urgence ou dans les Centres d’hébergement et de...
La VAE à l'ESAT Poséidon (83)
La VAE à la portée des travailleurs des ESAT Les travailleurs handicapés accumulent une expérience, tout au long de leur parcours en ESAT. L’occasion pour eux de bénéficier d’une reconnaissance de ce savoir faire accumulé. Pourtant, malgré des effets particulièrement positifs, peu en profitent. Parmi les établissements qui la mettent en œuvre, Le Poséidon à La Seyne sur Mer. La démarche n’est pas...
De l'éducation spécialisée à l'éducation routière
De l’éducation spécialisée à l’éducation routière Les professionnels de l’éducation spécialisée possèdent de nombreuses compétences qu’ils mettent à profit dans leur travail auprès des usagers. A l’image d’André Garcia, à la fois moniteur éducateur et formateur en prévention routière. Portrait. André Garcia commence sa vie active, en s’engageant dans l’armée. Il s’y spécialise dans un service...
Pourquoi discriminer la pauvreté est devenu un délit
Tenir des propos discriminatoires en raison d’une religion, d’une ethnie ou d’une orientation sexuelle est passible de sanction pénale. Étonnamment, le faire en raison de la pauvreté n’était pas pénalisé. Le combat mené à l’initiative d’ATD Quart Monde vient d’être couronné de succès. « Des enfants interdits de cantine parce que leurs parents sont chômeurs, une famille expulsée d'un musée parce ...
Un centre de loisirs ouverts à tous, handicapés ou pas (35)
Accueillir des enfants quelle que soient leurs déficiences, mélanger valides et handicapés : de plus en plus d’Accueil collectif de mineurs sont confrontés à cette question. Pendant que les uns s’interrogent, Loisirs Pluriel le fait depuis vingt ans. Beaucoup de structures proposant leurs services aux personnes porteuses de handicap, sont le fruit de la mobilisation de familles cherchant à créer...
Adolescents en Difficulté : le DERPAD
Une mise en réseau en action : le DERPAD C’est la quadrature du cercle: comment mieux articuler les différents acteurs sociaux, éducatifs, médicaux et judiciaires, sans effacer la spécificité de chaque champ d’intervention ? Si cette question est valable quelle que soit la population concernée, elle est d’autant plus pressante pour ces adolescents qui mettent en échec toutes les structures...




Comprendre la protection de l’enfance - Découvrez l’ASE comme jamais auparavant !

Ce livre démystifie l’Aide sociale à l’enfance (ASE) en répondant à 100 idées reçues. Plongez dans les aspects historiques, juridiques, sociologiques et psychologiques de cette institution essentielle. À travers les éclairages sur le fonctionnement, les objectifs, les limites et les évolutions de l’ASE, ce livre est une ressource précieuse pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur cette administration clé de la protection de l’enfance. Découvrez les pratiques professionnelles, les défis quotidiens et les avancées de l’ASE à travers des réponses courtes, détaillées et précises.

Ce livre s’adresse principalement aux professionnels de l’action sociale et aux étudiants, mais il intéressera également les journalistes, universitaires, décideurs politiques, enfants et familles confrontés à l’ASE, ainsi que tout public désireux d’approfondir ses connaissances sur ces dispositifs souvent méconnus. Un ouvrage essentiel pour lever le voile sur cette institution discrète mais cruciale.

« Aujourd’hui à la retraite, Jacques Trémintin a accepté ce défi et il sait de quoi il parle, cette institution, il lui a consacré près de trente ans de sa carrière professionnelle. Il en connaît les arcanes, les moindres recoins. Il en connaît les hommes et les organisations, il a soutenu ses ambitions, s’est heurté à ses contradictions. Il a côtoyé tant d’enfants que ces enfants font désormais partie de lui. Il le dit lui-même, il s’est trompé parfois, il a essayé souvent, mais jamais il n’a triché. » (Extrait de la préface de Xavier Bouchereau, ancien éducateur spécialisé en AEMO, chef de service éducatif)

 « 100 idées reçues sur l’aide sociale à l’enfance » Jacques Trémintin, Éd. EHESP, 2024, 313 p.

SE PROCURE LE LIVRE


« Bienvenue sur le site de Jacques Trémintin, travailleur social qui n’a cessé d’écrire. Référent à l’aide sociale à l’enfance de 1992 à 2020, partie prenante de Lien Social de 1995 à 2023, contributeur au Journal du droit des jeunes de 1995 à 2017, pigiste dans le Journal de l’animation depuis 1999… l’accompagnement des enfants et familles, le maniement de la plume ou du clavier, l’animation de colloques ou de formations répondent au même plaisir de transmettre. Ce que fait aussi ce site, dont le contenu est à libre disposition à une seule condition : savoir garder son esprit critique et ne rien considérer d'emblée comme vrai ! »

Retrouvez les sites

du Journal de l’animation : www.jdanimation.fr
et de mon collègue et ami Didier Dubasque : www.dubasque.org