Sociologie
La société du mérite. Idéologie méritocratique & violence néolibérale
GIRARDOT Dominique, Le bord de l’eau, 2011, 228 p.
En imposant le principe généralisé du mérite, la société démocratique s’est construite à l’opposé d’un régime autocratique fondé sur des privilèges liés au hasard d’une noble naissance. Où peut-on trouver meilleure justice et meilleure égalité que dans ces critères de l’effort et de la compétence individuelle ? Tel est, en tout cas, le credo républicain qui s’est imposé depuis plus de deux siècles. Pourtant, sous des apparences accortes, l’idéologie du mérite est porteuse d’une redoutable
Juste? Injuste? Sentiments et critères de justice dans la vie quotidienne
KELLERHALS Jean & LANGUIN Noëlle, éd. Payot, 2009, 219 p.
L’espèce humaine a toujours été assoiffée de justice. De tous temps, les hommes se sont déchirés et entretués, au nom de cette commune et tenace aspiration. Pourtant, il semble impossible de retenir une même représentation de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas. L’étude proposée ici nous le démontre amplement. Prenons le salaire. Il est considéré comme équitable, à partir de multiples critères. Les uns optent pour une comparaison avec ce que gagnent les autres salariés
Le juste et le vrai. Études sur l’objectivité des valeurs et de la connaissance
BOUDON Raymond, Hachette Littérature, 2009, 575 p.
Comment distinguer le vrai du faux ? C’est à cette question que tente de répondre Raymond Boudon, à travers ce recueil d’articles, de conférences et de contributions à des ouvrages collectifs. On a l’habitude d’attribuer la croyance erronée ou la conviction en des idées douteuses à des préjugés irrationnels, à des pensées magiques ou à une mentalité primitive, à un quelconque fanatisme, à une aliénation ou à un aveuglement, à la passion ou à la manipulation, voire encore à une résistance au
Le bêtisier du sociologue
HEINICH Nathalie, Hourvari, 2009, 154 p.
La sociologie a pour fonction de décrire et d’analyser, pas de former un jugement et encore moins un avis. Le sociologue explique ce qu’il ressent de la réalité. Il dérape, quand il affirme ce qu’elle doit être et échoue dans sa mission quand il affirme ce qu’il croit qu’elle doit être. Nathalie Heiniche n’est guère conciliante avec sa propre discipline, n’hésitant pas à dénoncer les coteries d’un monde universitaire qui stigmatise toute volonté de pluralisme et toute tentative de pensée buissonnière
Devenir adulte. Sociologie comparée de la jeunesse en Europe
VAN DE VELDE Cécile, Puf, 2008, 278 p.
Les frontières entre l’adolescence et l’âge adulte sont devenues floues. La jeunesse apparaît mouvante et réversible, alors que, dans le même temps, la période où l’on peut pleinement s’assumer, semble de plus en plus retardé et inaccessible. L’imprégnation culturelle complexifie encore cette phase de transition. C’est ce que Cécile Van de Velde nous illustre ici, dans une étude passionnante qui compare les modalités de passage à l’âge adulte, dans quatre pays d’Europe. Première nation étudiée, le
Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable?
Michel LACROIX, Flammarion, 2007, 197 p.
Avoir un idéal est indispensable pour les uns, car rien ne définit plus l’être humain que de donner un sens à sa vie. C’est une attitude à proscrire pour les autres, tant l’excès, la désillusion et la dépendance que cela induit peuvent être destructrices. Et il est vrai que si la mise en œuvre d’idéaux sociaux et politiques a permis de transformer le monde, elle a aussi constitué le plus court chemin vers l’enfer. Peut-on éviter le pire et préserver le meilleur ? C’est à cette question que répond
Vies ordinaires, vies précaires
Guillaume LE BLANC, Seuil, 2007, 294 p.
« Amis de la philosophie, bonsoir ». Dans un style dense et parfois complexe, jouant sur les mots et mettant les mots en jeux, Guillaume Le Blanc nous propose une réflexion roborative et décapante qui réjouira le lecteur osant se risquer sur les chemins parfois escarpés qu’il propose. L’expérience de la précarité, explique l’auteur, est avant tout une précarisation de l’expérience. Elle implique un repli progressif vers des sphères toujours plus limitées dans lesquelles la visibilité sociale est
Les campeurs de la république. 70 ans de vacances utopiques
LEFEUVRE-DÉOTTE Martine, éditions Bourin, 2006, 268 p.
Les débuts du camping remontent à 1865, date à laquelle l’alpiniste anglais Edouard Whymper utilisa pour la première fois une tente dans son ascension du massif du Cervin. Mais c’est la démocratisation des loisirs qui constitue le véritable déclencheur de cette pratique. Pendant longtemps, seules l’aristocratie puis la bourgeoisie purent consacrer leur temps libre à l’évasion et à la détente. L’accès aux vacances des « gens de peu » était limité par le coût des séjours en hôtel. C’est
Pourquoi la politesse? Le savoir-vivre contre l’incivilité
Dominique PICARD, Seuil, 2007, 238 p.
La politesse a pu être considérée comme désuète, dépassée, poussant à l’artifice et au mensonge. Pourtant, le savoir-vivre est l’un des piliers essentiels de la socialisation. Il appartient à ces rituels institués qui permettent de réduire les incertitudes. Les règles de politesse sont un outil indispensable pour sécuriser face à l’angoisse de l’inconnu, assurer la conciliation entre des exigences contradictoires inhérentes à la vie sociale et assumer une fonction régulatrice au sein de la communauté
La société des victimes
Guillaume ERNER, La Découverte, 2006, 224 p.
La meilleure façon de comprendre une époque, c’est de s’intéresser à ses obsessions. La nôtre est obnubilée par les victimes qui ont tout envahi. Pourtant, le spectacle de la souffrance n’a pas toujours inspiré les mêmes sentiments. Pendant des siècles, les hommes ont cohabité stoïquement avec elle. Si la démocratie l’a rendue insupportable et scandaleuse, c’est parce l’idéal d’égalité et de fraternité fait percevoir le malheur de l’autre comme si c’était le sien. Même si l’on semble trop souvent