EN SOUFFRANCE
Dehors
MOIX Yann, Ed. Grasset, 2018, 363 p.
Il faut lire Yann Moix. Roi de la métaphore, de la périphrase et de l’anaphore, l’auteur s’en prend à tous ceux qui persécutent ces réfugiés dormant sous la pluie et dans le froid, subissant les exactions des policiers qui les gazent, les matraquent et lacèrent leurs tentes. Il les égratigne, il les admoneste, il les étrille ces politiques qui ne savent opposer que cynisme et veulerie face à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont survécu à l’horreur des naufrages, à l’épuisement des marches, au
La clinique de la mondialité
DERIVOIS Daniel, Ed. De Boeck, 2017, 206 p.
En tant qu’être humain, nous sommes tous fondamentalement frappés d’interculturalité, de pluralité et de diversité. Si les uns abordent le monde par le local et d’autres par le global, tous sont immergés dans le « glocal », contraints d’écouter les battements de l’intime dans le cœur universel de l’humanité. Si certains découvrent la société à travers le prisme de l’individu et d’autres à travers le groupe, les grilles d’interprétation sont en train de se métisser et de s’hybrider en articulant
Frères migrants
CHAMOISEAU Patrick, Ed. du Seuil, 2017, 137 p.
Métèques congénitaux, apatrides spontanés, intouchables ou parias immanents déchus de toute appartenance, des milliers de personnes périssent et dépérissent en bordure des villes et des États de droit. Est-ce du lyrisme, de la poésie ou une pure émotion ? Patrick Chamoiseau nous livre ici un texte magnifique, véritable hymne à l’humanité. Naïfs volontaires, nous pensions avoir atteint un inaltérable degré de sérénité, la barbarie étant d’un autre temps, explique-t-il. Les morts massives en
Se défendre. Une philosophie de la violence
DORLIN Elsa, Ed. Zones, 2018, 252 p.
Il y a toujours eu une ligne de démarcation entre d’un côté les sujets dignes de se défendre et d’être défendus et de l’autre les corps acculés à des tactiques défensives, sans que la légitimité à le faire ne leur soit jamais reconnue. Elsa Dorlin fait un récit terrifiant de la violence imposée tant par l’ordre colonial que racial. Tout acte commis par un esclave, un indigène ou un subalterne fut longtemps considéré comme potentiellement délictueux. Son auteur étant présumé coupable, il était livré à
Pour régler nos conflits: la non violence
MAN-IFMAN, Ed. Chronique Sociale, 2018, 140 p.
Ce n’est pas en cherchant à éviter les conflits, que l’on réussira à apaiser les tensions et à supprimer les violences interpersonnelles, explique ce manuel de non violence. C’est en repérant les éléments déclencheurs de crise, en désamorçant les spirales mimétiques et en contenant les débordements émotionnels. Car si le conflit n’est ni bon, ni mauvais en soi, c’est son traitement qui peut s’avérer destructeur. En pleine crise, chacun est sûr d’avoir raison et ne voit guère en quoi il a mal
Le salaire des enfants
ALLEGRA Cécile, Ed. Stock, 2016, 224 p.
La législation des pays développés s’enorgueillit d’avoir éradiqué le travail des enfants. Le long reportage à travers l’Europe que nous propose Cécile Allegra démontre le contraire. Si l’on est bien loin de l’esclavage de ces millions de mineurs du sous-continent indien, la situation de nos pays est loin d’être rassurante. Giultena, adolescente bulgare de 15 ans travaille dès l’aube dans les champs de tabac. Seize heures durant, elle repique les plants, bêche, arrose, enfile les feuilles, puis les
Une croix sur l’enfance en Vendée
SAUTREAU Jean-Pierre, Ed. La Geste, 2018, 195 p.
Réagissant au livre de Jean-Pierre Sautereau, l’église a suspendu deux prêtres vendéens accusés de pédophilie. Pour autant, il ne faudrait pas que l’arbre, aussi ignominieux soit-il, cache la forêt de l’humiliation et de la souillure quotidiennes que l’auteur dénonce, cinquante ans après les avoir subies au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers. Dans un style ciselé et rayonnant, il nous décrit l’enfer vécu dans cet abattoir des sacrifiés de Dieu où l’a conduit une soi-disant vocation
L’empereur, c’est moi. Une enfance en autisme
HORIOT Hugo, Ed. Livre de poche, 2015, 168 p.
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant vivant avec le syndrome autistique ? Cette question beaucoup de parents, d’enseignants, de soignants, de travailleurs sociaux se la sont posée. Hugo Horiot plonge dans sa mémoire pour nous proposer un journal de bord égrenant l’enfance et l’adolescence qui ont été les siennes en tant qu’autiste. Ces flashs de pensée enfantine sont précieux pour approcher un univers peu familier aux normopathes. S’il a tant tardé à s’exprimer, c’est qu’il avait peur de
Gabin sans limites. Mon amour de fils autiste
SAVARD Laurent, Ed. Payot, 2018, 174 p.
À 18 mois, Gabin ne dit pas « papa », mais son rire infernal, qui peut durer une bonne demi-heure, lézarde les murs. À deux ans et demi, il ne parle toujours pas. « Peut-être n’a-t-il rien à dire ? », commente le pédiatre. À trois ans, Gabin a déjà fait tous les hôpitaux, tous les labos, tous les examens. C’est au bout de dix ans qu’un diagnostic sera posé. Dans la rue, il ferme tous les volets passant à sa portée. Ses petites voitures, il les aligne méthodiquement sans chercher à les faire rouler. À la
Autisme: j’accuse!
HORIOT Hugo, Ed. L’iconosclaste, 2018, 137 p.
Voilà un coup de colère qui mérite d’être relayé. Il émane d’un adulte autiste, écrivain et comédien, qui revendique sa différence et proclame sa fierté d’en être doté. Parce que la voix de ses sœurs et de ses frères est marginalisée, étouffée et censurée, il le crie très fort : il ne supporte plus que l’on parle de son identité comme d’un mal, d’une épidémie, d’un fléau, d’une maladie ou d’une calamité qu’il faudrait éradiquer … ou la faire correspondre au profil neurotypique. Si un enfant