SOCIÉTÉ
La Parole aux accusés
BLANCHARD Véronique et GARDET Mathias, Éd. Textuel, 2020, 190 p.
La légende dorée de l’avènement d’une justice des mineurs humaine et bienveillante, fondée sur l’ordonnance du 2 février 1945, s’assombrit à la lecture de ce récit de douze vies de filles et de garçons choisis parmi dix milles dossiers judicaires des années1950. On y découvre, avec effroi, le poids des stéréotypes de classe, sexistes et racistes, des jugements de valeur garants de l’ordre moral et des subjectivités imprégnées des préjugés propres cette époque. Avant de décider
Dernière sommation
DUFRESNE David, 2019, Ed. Grasset, 2019, 229 p.
On connaît le David Dufresne sillonnant les manifestations des gilets jaunes, inlassable lanceur d’alerte contre les violences policières, tweetant place Beauvau sur ces gueules que l’on casse en direct et ces mutilés que l’on estropie sous ses yeux. Voilà qu’apparaît dans ce roman un Etienne Dardel, journaliste ayant tourné le dos aux rédactions qu’il prend pour des cimetières de la pensée. Il y a comme une ressemblance. Car, lui aussi sort chaque samedi, comme d’autres vont au front d’un
Écroué de rire. Une histoire vraie
DESCLOS David, Éd. Flammarion, 2019, 271 p.
Qui sont ces délinquants qu’affronte quotidiennement la police ? Leurs profils sont divers, depuis les plus immoraux et pervers jusqu’aux révoltés et insoumis, en passant par les paumés et malchanceux. Mais, des comiques, il n’y en a guère, surtout au point de monter sur scène. C’est pourtant à cette dernière catégorie qu’appartient David Desclos qui a fait de son parcours de petit voyou ayant trempé dans le grand banditisme un spectacle, puis un livre. Sa vie commence dans la misère la plus noire
Flic. Un journaliste a infiltré la police
GENDROT Valentin, Éd. Goutte d’or, 2020, 293 p.
L’infiltration d’un journaliste dans un milieu professionnel n’est pas nouvelle. Cela avait déjà eu lieu dans les prisons, les asiles ou le monde de la précarité. Mais, pas dans la police. Voilà qui est fait. Valentin Gendrot commence par passer le concours d’adjoint de sécurité où il reçoit une formation « low cost » de trois mois qui lui apprend bien plus à menotter, à procéder à une palpation et à tirer, qu’à accompagner une femme victime de violences conjugales. Sa première affectation le
L’œil sécuritaire, mythe et réalités de la vidéosurveillance
LEMAIRE Elodie, Éd. La Découverte, 2019, 207 p.
La vidéosurveillance privée ou publique n’a cessé d’envahir nos vies, passant de 340 000 caméras en 2007, à 935 000 en 2012. Les cassettes et magnétoscopes ont été remplacés par des disques durs, la haute définition et un champ de vision à 360°. Cet outil permet de protéger les citoyens et dissuader la délinquance, affirment ses partisans. Mais, qu’en est-il vraiment de son efficacité ? C’est à cette question que répond le livre de l’auteure qui a enquêté auprès des vidéo-opérateurs, des
Le goût de l’effort. La construction familiale des dispositions scolaires
GARCIA Sandrine, Éd. Puf, 2018, 241 p.
Trop longtemps on a cru, par ethnocentrisme à l’égard des milieux populaires, que le capital culturel des classes moyennes-supérieures était suffisant en soi pour assurer l’avantage scolaire de leurs enfants. L’auteur s’attache à démontrer qu’avoir des parents diplômés ne suffit pas. Il n’existe pas d’osmose permettant d’infuser automatiquement ces avantages. C’est le travail incessant et de longue haleine composé de pratiques éducatives quotidiennes précises et concrètes, quoique invisibles, fourni à
Attention Ecole
Analyse-Opinion-Critique, Cahier #2, Éd. La Découverte, 2020, 211 p.
Quand un media en ligne comme « AOC » rassemble certains de ses articles sur le thème de l’école, cela produit un concentré d’intelligence. Des textes courts, limpides et percutants donnent l’occasion d’une réflexion décapante et critique sur une institution pour laquelle tout le monde a quelque chose à dire, mais peu à penser. Voilà de quoi nous rattraper. Au gré des pages, on s’interrogera sur la mixité tant genrée que sociale qui combat l’intolérance et la ségrégation
L’origine sociale des élèves
RAYON Patrick (sous la direction), 2019, Éd. Retz, 2020, 156 p.
L’école française est confrontée au curieux paradoxe d’être ouverte à tous, tout en restant éminemment élitiste. Elle est au cœur d’un mythe à la double facette : elle serait impuissante ou au contraire toute puissante. Le recueil d’études sociologiques présentées ici se donne pour ambition de déconstruire l’un et l’autre. La démonstration a été faite depuis longtemps que le système scolaire ne préserve pas les élèves contre les inégalités liées aux origines sociales. Les
L’école à la ramasse. L’éducation nationale en faillite
FIZE Michel, Éd. L’Archipel 2019, 222 p.
Que l’on partage ou non l’avis de Michel Fize, on ne peut que rendre hommage au sérieux et à la structuration de sa démonstration qui plonge ses racines tant dans des statistiques actualisées que dans l’histoire de l’école. Pour autant, quelle mouche l’a donc piqué ? Le voilà, vent debout, à présenter le système scolaire comme « foutu », responsable d’une baisse de niveau des élèves et de la déperdition de la langue française, d’une délégitimation des enseignants et du règne de l’indiscipline, voire
Défaire le capitalisme, refaire la démocratie. Les enjeux du délibéralisme
DACHEUX Éric & GOUJON Daniel, Éd. Erès, 2020, 353 p.
Notre société néolibérale est fondée sur l’impératif de croissance, la recherche du profit maximum, la concurrence pure et parfaite et l’utilitarisme. Avec comme résultats : l’objet produit est plus important que l’être humain, l’individu est mis au service de la technique et la politique est soumise à l’économie.
Alors qu’il y a une diversité de modèles économiques (domestique, publique, sociale), le capitalisme n’admet que la logique orthodoxe de marchandisation potentielle de tout